L'Hôte et l’invité
L'acupuncture humanitaire

David Houbrechts, cinéaste belge, a réalisé en 2013 un film documentaire d’auteur sur ASF. Après avoir trouvé des financements spécifiques pour la réalisation de ce projet, il a donc pu se rendre, accompagné d’un cameraman, sur plusieurs lieux de mission, et rencontrer ainsi plusieurs acteurs ASF sur le terrain.

Ce film présente, de façon subtile et artistique, l’action menée par les Centres ASF, et démontre l’intérêt de l’acupuncture humanitaire qui a maintenant une place de plus en plus reconnue dans le monde des actions de solidarité.

Edito de Franck Arguillère

Un traitement sans médicament, accessible à tous, même aux plus démunis (…) Moi non plus, je ne savais pas. Les médias relayent peu ce genre d’initiative. Il a fallu que j’aille à Aix-en-Provence le week-end dernier pour assister au 3e Congrès National de Médecine Traditionnelle Chinoise (qui, au passage, en réunissant plus de 500 participants, est devenu cette année la 2e manifestation de cette ampleur en Europe), pour que j’apprenne l’existence d’ASF.

Philippe Annet, le fondateur, y a raconté une anecdote importante pour lui : une rencontre avec une petite fille malienne de deux ans qui souffrait d’un abcès de la bouche l’empêchant de manger et de boire et qui était promise à une mort certaine. En bon sauveur de l’humanité, il était allé acheter un antibiotique à 15 €, avait mis fin aux souffrances de la gamine et lui avait ainsi sauvé la vie. Il avait disparu le lendemain, appelé vers d’autres cieux, et avait réalisé un peu plus tard que 15 € représentaient un an de revenu pour le père de cet enfant. Partant d’un bon sentiment, ce geste instinctif avait été fait sans lien avec la famille, l’environnement social et culturel. Il juge aujourd’hui ce geste : artificiel et finalement monstrueux.

Quelques aiguilles stérilisables, un peu de matériel pédagogique, des enseignants bénévoles, quelques billets d’avion… Et voilà de quoi assister les populations en souffrance de manière efficace, peu coûteuse et respectueuse ! Philippe Annet exclut bien-sûr les périodes de crise, guerre, typhon ou tsunami, “où il faut sortir la grosse artillerie”. Mais beaucoup de besoins existent en dehors de ces configurations exceptionnelles.

L’intérêt de l’acupuncture ? Elle est préventive et curative, elle répond à 60 % des besoins de soins. Elle permet de suivre les patients sur plusieurs consultations, de se passer de médicaments souvent rares et chers, et d’entamer un dialogue avec des médecines locales souvent dévalorisées par la science occidentale. “Acupuncture” et non “acupuncteurs” sans frontières : il s’agit d’aller donner une formation de base à des soignants locaux (médecins, infirmiers, assistants sanitaires, sages-femmes) et d’assurer le suivi de cette formation au cours des années suivantes.